Rubrique : Paris

Jugetsudo, « l’endroit d’où l’on regarde la lune »… Ouvert en 2008, le salon de thé japonais Jugetsudo est la première succursale étrangère de la marque du même nom. Un havre de paix nippon en plein cœur de Paris, des produits inhabituels et l’opportunité de découvrir le chazen, un concept où zen et thé se marient.

Jugetsudo est la marque des thés vendus par la maison Maruyama Nori, une entreprise ancestrale japonaise spécialisée dans… les algues. Depuis les années 80, Maruyama Nori s’est lancée dans le commerce du thé, en particulier par le biais de salons à l’esthétique très épurée. Elle y promeut l’esprit du chazen, une idée développée au XVIe siècle par les maîtres Takeno Joh et Sen no Rikyu, où la très formelle cérémonie du thé est rendue plus accessible au commun des mortels.

Situé au cœur du Quartier latin, en face du très surestimé pâtissier Gérard Mulot, le salon de thé Jugetsudo est une petite merveille de design conçue par l’architecte Kengo Kuma : au rez-de-chaussée, une boutique-bar lumineuse et, au sous-sol, une sobre cave voûtée pour les cérémonies de chazen. Le bar permet de goûter aux spécialités de la maison, accompagnées de douceurs. Les samedis après-midi, des initiations au chazen sont proposées à heures fixes (réservation indispensable).

Parmi la quinzaine de produits Jugetsudo en vente sur place, citons le thé vert au yuzu, frais et parfumé, d’excellents sencha et matcha, un exceptionnel genmaicha (thé vert au riz soufflé, ici enrichi de poudre de matcha) et, curiosité pour nos palais, un « thé » de sarrasin grillé (sobacha) parfait pour le soir. Des algues séchées haut de gamme sont également vendues sur place. Jugetsudo propose enfin une très belle sélection de vaisselle de thé, des pièces magnifiques à des prix… euh… magnifiques ?!

L’accueil du personnel est parfait, discret, attentif, plein de douceur. Si vous vous trouvez du côté de Saint-Germain, tentez votre chance et essayez d’avoir une place au comptoir. Pour environ 15 €, vous ferez l’expérience d’un vrai moment de japonitude zénifiante.

Ouvert du mardi au samedi de 11h à 19h, initiation au chazen les samedis après-midi.
Les produits peuvent être commandés sur la boutique en ligne.

95 rue de Seine – 75006 Paris
+33 1 46 33 94 90
jugetsudo.fr

NB : Pour en savoir plus sur Sen no Rikyu, lisez « Le maître de thé » de Yasushi Inoue.

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Rubrique : Desserts & sucreries

Pas besoin d’aller au bout du monde pour découvrir des spécialités troublantes, des saveurs qui divisent le monde entre ceux qui adorent et ceux qui détestent. Si vous passez par le Portugal, ramenez des ovos moles et observez vos amis à la première bouchée. Effet garanti…

La pâtisserie portugaise se caractérise par une passion immodérée pour les jaunes d’œuf. Il suffit de regarder la vitrine d’une confiteira : un étalage de gâteaux d’un bel orangé, riches en jaunes issus de poules gavées au maïs ! Au cœur des pastéis de nata… du jaune d’œuf ! Dans le pão de ló… des jaunes d’œuf ! Et pour décorer les gâteaux, des filaments oranges de… jaune d’œuf (appelés palha de Abrantes) !

Mais le comble de cette vitellomanie est une spécialité de la ville d’Aveiro, au sud de Porto : les ovos moles (prononcez « ovouchs molchs » ce qui signifie « œufs mous », tout un programme !). Comme de nombreuses douceurs lusitaniennes, les ovos moles auraient d’abord été confectionnés par des religieuses, pour ensuite être repris par les pâtissiers. On trouve des ovos moles partout au Portugal mais ils restent la spécialité d’Aveiro.

Les ovos moles sont une pâte épaisse d’un beau jaune orangé cuisinée à partir de jaunes d’œuf, de sucre et d’eau (parfois de l’eau de riz). Cette pâte peut être présentée dans des ramequins, dans une tartelette ou au cœur d’un gâteau. Mais à Aveiro, la petite Venise portugaise percée de canaux, elle est présentée dans de petits tonnelets de bois peints de scènes locales, ou dans une coque de pain azyme moulée selon des formes traditionnelles liées à la vie des pêcheurs locaux : tonnelets, poissons, coquillages, etc.

Pour un non-Portugais, la première bouchée d’ovos moles peut être une épreuve. Le goût intense du jaune d’œuf, l’abondance de sucre, la richesse du mélange, l’absence d’accompagnement (une pâte à tarte, une génoise, un truc qui atténue cette intensité, quoi !), tout cela est une épreuve pour nos papilles. Après ce baptême, le monde se divise en deux camps : ceux qui adorent et ceux qui détestent (avec une minorité qui s’interroge sur le camp à choisir). Mais dans tous les cas, une remarque fuse : « C’est… riche ! ».

Apprécier les ovos moles fait peut-être partie de ces goûts acquis qui sont propres à une culture et qu’il faut du temps pour faire siens : maroilles, os à moelle, iwashi senbei, Cenovis (la pâte suisse à base de levure de bière, version helvète de la Marmite britannique), etc. Mais pour les Portugais, les ovos moles sont la quintessence de l’esprit pâtissier national depuis au moins deux siècles.

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Rubrique : Paris

Lorsqu’un pâtissier japonais est installé à Paris depuis quasiment vingt ans, que lui reste-t-il de sa culture culinaire d’origine ? Pour le savoir, il suffit d’aller dans l’une des pâtisseries de Sadaharu Aoki et de succomber à la tentation. Quand les saveurs nippones viennent se mêler aux savoir-faire occidentaux…

Alertés par leur amie Caroline, un fin palais ouvert aux expériences les plus novatrices, les Doudes sont allés faire un tour dans une des succursales de la maison Sadaharu Aoki. Ce pâtissier japonais, installé en Europe depuis 1991, a ouvert sa première boutique en 2001 à Paris. Aujourd’hui, il possède deux pâtisseries parisiennes (et un corner chez Lafayette Gourmet) ainsi qu’une pâtisserie à Tokyo (et un corner chez Isetan).

Les pâtisseries de M. Aoki marient les techniques occidentales et les parfums japonais, en particulier le thé vert en poudre (matcha), les haricots rouges sucrés (azuki), la pâte de sésame noir et le yuzu. Par exemple, un éclair au sésame noir au goût intense. Ou bien une tarte au matcha qui associe ganache au thé vert et feuillantine pralinée. Le goût légèrement iodé du matcha est exalté par la crème : légèrement déroutant mais délicieux.

Autre exemple, le « bambou » qui marie pâte d’azuki et crème au matcha. Ou le « zen » où une dacquoise noisette côtoie un crémeux de sésame noir et une crème au chocolat. Même les macarons ont fait un stage sur l’archipel : matcha, yuzu, sésame noir, hojicha (thé brun), wasabi (la moutarde verte des sushis !) ou la délicieuse ume (prune japonaise). Chez Sadaharu Aoki, on trouve également des financiers, des confitures, du thé, des chocolats, etc. Les essais de pâtisserie occidentale traditionnelle sont, eux, assez décevants (par exemple, évitez les mini-pannetone, secs et sans parfum). Des gâteaux particuliers sont préparés selon le calendrier : galette des Rois, Saint-Valentin, bûches de Noël, etc., le plus souvent en version « nipponisée ».

Malgré le service plutôt détestable, envisagez une escale chez M. Aoki si vous passez à proximité d’une boutique. Cantonnez-vous aux pâtisseries d’inspiration japonaise, plus intéressantes. Pour ceux qui habitent loin de Paris, il existe une boutique en ligne qui vend les produits les moins fragiles.

Addendum : Selon l’excellente cocinera loca, en septembre 2010, Sadaharu Aoki ouvre un salon de thé 25 rue Pérignon, dans le XVe arrondissement parisien.

Sadaharu Aoki
35 rue de Vaugirard – 75006 Paris
56 boulevard de Port-Royal – 75005 Paris
sadaharuaoki.fr

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Rubrique : Paris

Quand les Doudes rêvent de leur séjour en Ouzbékistan, où vont-ils en pélerinage ? Dans le meilleur restaurant ouzbek de Paris, la Tchaïkhana de Boukhara. Dans l’assiette, comme sur les murs, on y retrouve toutes les spécialités de la Transoxiane et de l’Asie centrale en général.

Tchaïkhana, c’est la maison de thé, la gargotte de base dans toute l’Asie centrale. Là où les hommes se retrouvent pour discuter du monde qui va (ou qui ne va pas…). À Paris, pour découvrir la cuisine ouzbek, rien ne vaut la Tchaïkhana de Boukhara ou plutôt LES Tchaïkhana, puisqu’il existe deux succursales de cet établissement fondé par deux Ouzbeks, Andrei et Saidjon.

Que mange-t-on à la Tchaïkhana ? Eh bien, comme en Ouzbékistan, où la nourriture est délicieuse (mais pas très variée lorsqu’on y séjourne plusieurs semaines…) : des samsas (de petits chaussons farcis selon la saison), des salades colorées, du plov (le riz aux carottes et à l’agneau, le délicieux plat national), du hanoum (les lasagnes locales), des mantı, des chuchvara (une autre forme de raviolis ouzbeks), des lagman (similaires aux laghman ouigours), etc. La cuisine y est très parfumée, mais pas épicée. Elle se marie bien avec un thé de plantes variées (anis, girofle, menthe, origan, cannelle, cardamome), mais la maison propose également de la redoutable bière russe Baltika ou… de la vodka, comme là-bas.

Les Tchaïkhana parisiennes sont décorées de nombreux objets artisanaux ouzbeks : textiles, faïences, chapeaux, instruments de musique, objets de vannerie… dont certains sont en vente. L’effet est un peu claustrophobique façon caverne d’Ali Baba mais donne un bon aperçu de la production locale. Au-dessus de la porte d’entrée, un bouquet de rue séchée est là pour chasser les mauvais esprits (mais il manque une gitane aux dents d’or pour la faire brûler…).

Comme les Doudes, les Ouzbeks de Paris et d’ailleurs recommandent chaudement les Tchaïkhana de Boukhara qui sont, selon leurs termes, « comme chez ma mère » ! Alors ne vous en privez pas, offrez une virée ouzbek à vos papilles aventurières…

Environ 30 € par personne le soir.

53 rue Amelot – 75011 Paris
+ 33 1 43 38 88 40
Ouvert tous les jours sauf dimanche midi et lundi
37 rue Trévise – 75009 Paris
+ 33 1 48 24 17 42
Ouvert tous les jours sauf samedi midi et dimanche
resto-boukhara.com

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Rubrique : Desserts & sucreries

Au Portugal, le pão de ló est une institution. Cette génoise riche en jaunes d’œuf, moelleuse, goûteuse, est omniprésente dans les vitrines des pâtisseries, en particulier les jours de fête. Pour les Portugais, le goût du pão de ló est intimement lié à l’enfance, à celui préparé par leur mère ou leurs grand-mères.

Si vous faites un tour dans une pâtisserie portugaise un jour de fête, vous ne manquerez pas de remarquer de nombreuses boîtes à gâteau empilées et marquées du nom des clients qui les ont commandées. Dans ces grandes boîtes, un drôle de gâteau en forme de couronne, un peu affaissé, à la croûte veloutée. C’est le pão de ló (prononcez « pan dé lo »), une génoise cuite sur des feuilles de papier sulfurisé dans un moule en terre cuite muni d’un cône amovible au centre. Dans la bouche, le pão de ló passe du nuage léger au fondant sucré avec un fort goût de jaune d’œuf et une sensation crémeuse rapidement addictive.

Le pão de ló fait partie de la grande famille des gâteaux sans levure ni matière grasse (autre que les jaunes d’œuf) : génoise, biscuit de Savoie, pain d’Espagne, sponge cake, etc. Les traces les plus anciennes de ce type de pâtisserie se trouveraient dans la cuisine juive médiévale de la péninsule ibérique (sous le nom de « pan d’Espanya »). Au Portugal, initialement appelé pão de Castila (pain de Castille), le pão de ló a longtemps été une spécialité du couvent d’Alcobaça, à une centaine de kilomètres au nord de Lisbonne. Aujourd’hui, il est préparé dans tout le pays, même si le village d’Alfeizerão, proche d’Alcobaça, en a fait sa spécialité.

Le délicieux pão de ló a beaucoup voyagé. Au XVIe siècle, les Portugais l’ont fait découvrir aux Japonais du port de Nagasaki où, depuis, il est devenu une spécialité locale sous le nom de « kasuteru » (prononcez « kastelou »), mot dérivé de « Castelo ». Le kasuteru est resté très populaire et il est la base de nombreux gâteaux japonais. Les Américains ont également leur « sponge cake », venu des Antilles espagnoles au début du XIXe siècle.

La recette du pão de ló est simplissime : des œufs, le poids des œufs (coquilles comprises) en sucre, la moitié de ce poids en farine. Les jaunes et le sucre sont montés en pommade, les blancs battus fermes. Un peu de blancs est incorporé à la pommade, avant d’y ajouter la farine puis, avec délicatesse, le reste des blancs. Le mélange est versé tout autour d’un moule beurré en forme d’anneau, en tournant toujours dans le même sens. Le gâteau se cuit à 180°C jusqu’à ce qu’une pointe de couteau ressorte sèche (durée variable selon le nombre d’œufs utilisés, environ une demi-heure).

Autant dire les choses comme elles sont, le pão de ló des pâtissiers est toujours meilleur que celui fait chez soi. Ce qui explique que, malgré la simplicité de la recette, les Portugais continuent à sortir des pâtisseries avec d’immenses sacs en plastique renfermant ce gâteau à la texture si particulière.

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Rubrique : Paris

Où trouver de la bonne charcuterie espagnole à Paris sans se ruiner ? Et du riz pour la paëlla ? Et du rioja pour faire descendre tout ça ? Dans un coin discret à deux pas de Montparnasse se cache une des meilleures épiceries espagnoles de Paris. El Bierzo, c’est le rendez-vous des amateurs.

Le Bierzo est une région d’Espagne à l’ouest de la province de León. C’est aussi le nom d’une épicerie espagnole de Paris. Une épicerie en deux morceaux au coin d’une rue. Dans une des moitiés (rue de l’Ouest), essentiellement des alcools. Un grand choix de vins espagnols, courants ou plus confidentiels. Dans l’autre moitié (rue Jules Guesde), le paradis des amateurs de charcuteries et de fromages espagnols.

Jambon serrano (issu de porcs blancs), ibérico (issu de porcs de race ibérique) ou bellota (les porcs ibériques se sont gavés tout un automne de glands et d’herbes sauvages, en liberté dans les bois), caña de lomo (charcuterie préparée à partir du filet mignon), morcilla (boudin noir à l’espagnole), longaniza (un chorizo long en forme de U), sobrasada mallorquina (une saucisse souple dont on tartine ou cuisine la pâte), El Bierzo possède un choix de charcuteries digne des marchés espagnols et qui parfument la boutique au pimentón de la Vera. On y trouve également d’autres trésors : bonite et autres produits de la mer en conserve, polvorones et autres gâteaux de Noël, turrón, huile d’olive, etc.

Le plus drôle chez El Bierzo… c’est le patron ! À lui tout seul, il assure l’animation (qui permet de tolérer la queue qui se forme assez souvent dans la boutique…). Avec un accent du sud-ouest bien frappé ou en version espagnole, il transforme son comptoir en scène de théâtre et fait un spectacle bien rôdé où son jeune commis joue les faire-valoir avec une résignation amusée.

Ouvert du mardi au samedi de 10h à 13h30 et de 15h à 20h, le dimanche de 10h à 13h.

29 rue de l’Ouest – 75014 Paris
+33 1 43 20 41 52

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Rubrique : Paris

Se faire conseiller de délicieux restaurants, voilà une bonne raison de tenir un blog culinaroïde comme le nôtre ! Lorsqu’une gourmande prénommée Laure recommande un établissement avec des trémolos dans la voix, les Doudes obtempèrent et découvrent un excellent restaurant vietnamien en plein Chinatown parisien.

« La Lune » (surnommé « Chez Robert » par les habitués) ne paie pas de mine. Un restaurant chinois comme il en existe des centaines à Paris, en particulier dans le 13e arrondissement. Les couleurs sont un peu criardes, la serveuse revêche, la carte pléthorique, les prix raisonnables. Jusque-là rien d’exceptionnel (si ce n’est un petit écran électronique collé à la vitrine où défilent les photos des plats !).

À la lecture de la carte, on repère vite que l’on est dans un restaurant où se mêlent les influences vietnamienne, cambodgienne, thaï et chinoise. Spécialités recommandées par le maître de maison et par Laure-et-Paul-les-gourmands : soupe de vermicelles au canard laqué, salade thaïlandaise, crevettes au sel et au poivre, moules sautées façon thaïlandaise, porc caramel au sel et au poivre, riz sauté au poêlon, pad thaï, salade cambodgienne au bœuf, poulet Si-Si (sauté avec des tonnes de gingembre et de coriandre fraîche), broccoli sauté au poisson séché, etc. Au menu également, une soupe de pâte de riz aux nerfs de bœuf…

Au menu des Doudes ce soir-là, il y eut une délicieuse salade de bœuf cambodgienne parfumée à souhait, fraîche, épicée juste ce qu’il faut, et une soupe campagnarde de grosses nouilles (du genre udon japonaises) revigorante en ce soir d’hiver. Puis des crevettes au sel et au poivre croustillantes et le très mystérieux riz sauté au poêlon (au poil long ?), un riz sauté qui est au riz cantonais traditionnel des restaurants parisiens ce qu’une bonne paella valencienne est à la paella en boîte du supermarché. Soyons lyriques, une vraie symphonie de saveurs avec un riz moelleux, gras bien sûr, mais pas trop.

Le 13e arrondissement est plein de cette sorte de restaurants, où l’on hésite à entrer devant un décor sans attrait et une carte qui semble répéter celle du restaurant voisin, mais qui cachent une cuisine parfumée, fraîche, qui fleure bon les recettes familiales. « La Lune » en est un bon exemple et les Doudes reviendront en explorer les trésors. Pour vous mettre en bouche, « La Lune » possède un site internet qui détaille la carte avec prix et photos des plats.

Environ 20 euros par personne.
Ouvert non-stop de 8h à 22h30 – Fermé le mercredi.

36 avenue de Choisy – 75013 Paris
+ 33 1 45 84 89 61
restaurantlalune.com

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Rubrique : Desserts & sucreries

Au Portugal, comme dans le sud de la France, le gâteau des Rois est une brioche en forme de couronne garnie de fruits confits, le Bolo Rei. Plus consistant que sa version française, ce gâteau tire lui aussi son origine des fêtes de la Rome antique destinées à célébrer Saturne et l’Âge d’or.

Lorsqu’on a grandi dans le sud de la France, la fête de l’Épiphanie évoque deux souvenirs : l’arrivée des Rois Mages dans la crèche (l’irruption du chameau et de l’éléphant dans le village provençal…) et les couronnes décorées de fruits confits multicolores et de gros grains de sucre. Cette forme de gâteau des Rois est plus ancienne que la galette « à la parisienne », issue d’un croisement, au XVIIe ou XVIIIe siècle, entre l’ancienne galette des Rois (assez dure) et le Pithiviers feuilleté.

Au Portugal, seul le Bolo Rei (symbolisant la couronne des Rois Mages) a droit de cité. Il aurait été « importé » par un pâtissier portugais ayant travaillé en Provence. Sa pâte briochée, parfumée à la fleur d’oranger et au porto, est pétrie avec des fruits secs et des écorces d’agrumes. Le Bolo Rei est décoré de fruits confits et généreusement saupoudré de sucre glace. Parfois, comme en France, il contient une fève qui déterminera le roi ou la reine du jour, chargé de payer le Bolo Rei de l’année suivante.

Saviez-vous que la tradition de « tirer les Rois » remonte à l’Antiquité romaine ? En fait, il s’agit de ce que les ethnologues appellent un « rite d’inversion », un rituel où la hiérarchie sociale est temporairement inversée. Lors des fêtes hivernales en l’honneur de Saturne, les Romains confectionnaient un gâteau contenant une fève et le coupait en un nombre de parts égal au nombre de convives. Un jeune enfant se plaçait sous la table et, au nom d’Apollon, décidait pour qui était chaque part. La personne qui trouvait la fève devenait le roi de la famille pour un jour. Cette inversion des rôles évoquait l’Âge d’or, la période où Saturne et Janus régnaient et où tous les hommes étaient égaux.

Plus tard, cette tradition fut récupérée par l’Église catholique, probablement lorsque l’anniversaire de la naissance du Christ fut substitué aux rites du solstice d’hiver. Le gâteau saturnien fut alors associé à l’arrivée des Rois Mages. On prit l’habitude de couper une part de plus que de convives, la part restante étant celle de la Vierge, donnée au premier pauvre qui se présentait. Malgré cet habillage tardif, le gâteau des Rois reste le symbole bien vivant des Saturnales romaines : au début de l’hiver, une fève cachée, un tirage au sort par le plus jeune et l’inversion des rôles pour un jour.

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Rubrique : Valencia

La bodega La Pascuala est un café de Valencia qui possède la particularité de… ne plus s’appeller La Pascuala ! Mais les autochtones persistent à appeler la Casa Boix de son ancien nom. Connue dans toute la ville, la bodega La Pascuala a gardé le charme des bistrots populaires du bord de mer.

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Située à deux pas de la plage, dans l’ancien quartier de pêcheurs du Cabañal, la bodega La Pascuala sent bon le restaurant ouvrier conservé dans son jus. Fermée en soirée et le dimanche, elle accueille les gens qui travaillent dans le quartier, pour manger à petit prix ou pour boire un café en jouant aux cartes.

À l’heure de l’almuerzo popular (le casse-croûte de 11 heures), les spécialités locales sont le sandwich au fromage de brebis et à la mojama et, surtout, le sandwich de viande de cheval arrosé d’un quemadito, un café flambé au rhum ou au cognac accompagné d’un zeste de citron. Plus tard, à l’heure du déjeuner, les plats du jour viendront caler les appétits des ouvriers.

La grande spécialité de la Pascuala, celle pour laquelle elle est connue urbi et orbi, c’est l’arroz con bogavante, le riz au homard. Une sorte de paëlla (après tout, nous sommes à Valencia) mais avec du homard. Pour déguster ce plat, il est nécessaire d’appeler la veille.

Après s’être empiffré comme un maçon valencien à la Pascuala, que faire pour se sortir de la torpeur postprandiale ? Une visite du quartier du Cabañal bien sûr ! Fondé au XIIIe siècle, le village du Cabañal a été rattaché à Valencia en 1897. Ce quartier regorge de maisonnettes adorables dont certaines dans un style Art Nouveau un peu détonnant dans ce contexte méditerranéen.

Aujourd’hui, le Cabañal est habité par les Gitans et les migrants qui se battent pour que l’urbanisation galopante ne détruise pas leur quartier délabré, certes, mais vivant, comme en témoignent les échos du cante jondo qui continuent à hanter ses ruelles.

Environ 15 € par personne avec les boissons.

Casa Boix (Antigua Bodega La Pascuala)
Eugenia Viñes, 177
46011
Valencia
+34 963 713 814

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