Rubrique : Épices, condiments & herbes, Produits de la mer

Comme tous les Provençaux, les Doudes vénèrent la pâte d’anchois, humble fille du très illustre garum des Romains et sœur des délicieux pissalat niçois et mélets martégaux. Grâce à sa richesse en acides aminés, dont le glutamate, la pâte d’anchois est le secret d’une cuisine savoureuse. N’hésitez pas à en user et à en abuser !

Il y a environ 4.000 ans, les Babyloniens connaissaient déjà les vertus gustatives des poissons salés fermentés. Ils en faisaient un condiment, le siqqu. Les Grecs l’ont probablement adopté et adapté sous le nom de garos, puis les Romains en ont fait leur garum (également appelé liquamen ou, sous sa forme pâteuse, hallex). On retrouve également ce type de condiment en Asie : nuoc nam vietnamien, nam pla thaïlandais, patis philippin, etc.

Le principe de ces condiments est toujours le même : des poissons (anchois, sardine, maquereau, thon, etc.) ou les viscères de ces poissons sont mis à fermenter dans le sel. Sous l’action des enzymes et des micro-organismes présents dans les intestins, le mélange s’autodigère. La pâte obtenue peut être utilisée telle quelle ou continuer à fermenter pour devenir liquide. Le résultat est un condiment riche en acides aminés, dont certains (acide glutamique, acide aspartique, alanine, etc.) ont la propriété d’amplifier les saveurs des plats qui les contiennent (c’est l’effet « umami », également obtenu avec du shōyu ou du parmesan).

En Provence et sur la Côte d’Azur, il subsiste divers descendants du garum : à Nice, le pissalat qui est une pâte faite à partir d’alevins de sardines (joliment appelés « poutine », mais aucun rapport avec le plat québécois) saumurés, fermentés et parfumés aux épices ; à Martigues, les mélets sont des alevins (d’anchois ? de melettes ?) préparés de la même manière et parfumés au fenouil et au poivre. Mais ces produits étant assez difficiles à trouver, la plupart des Provençaux se contentent de pâte d’anchois, moins goûteuse mais plus pratique.

Et que font les Doudes avec la pâte d’anchois ? Le plus souvent, elles font le quichet ! Le quichet, c’est de la pâte d’anchois diluée dans l’huile d’olive. On s’en sert pour faire une tartine ou comme vinaigrette pour une salade. Sur le même principe, diluée dans de l’huile d’olive maintenue chaude, la pâte d’anchois entre, avec l’ail et le lait, dans la préparation de la banha cauda provençale et piémontaise où l’on trempe des légumes crus taillés en bâtonnets.

Il existe mille autres manières d’utiliser la pâte d’anchois pour augmenter les saveurs d’un plat. Essayez le gigot d’agneau tartiné de quichet à l’ail : vous nous en direz des nouvelles ! Les cardons peuvent également se préparer avec de la pâte d’anchois. Mettez-en partout : la pâte d’anchois, c’est l’ingrédient mystérieux qui fera se pâmer vos convives ! Elle est assez difficile à trouver dans le nord de la France. Deux solutions : l’achat en ligne (par exemple, ici) ou bien la fabrication maison à partir d’anchois salés réduits en purée.

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Rubrique : Rome

Pour ceux qui font une escapade à Rome et qui cherchent une épicerie où trouver de bons produits alimentaires italiens, la Drogheria Innocenzi est une excellente adresse. Située dans le quartier du Trastevere, elle fournit également les Romains en ingrédients exotiques.

Les vieilles épiceries marinées dans leur jus se font rares dans la capitale italienne. Vous savez, celles qui donnent l’impression de replonger dans l’immédiat après-guerre, comme Izraël à Paris. Pourtant les Doudes en ont localisé une très fournie, à deux pas de l’église Santa Maria in Trastevere.

La Drogheria des frères Giovanni et Giancarlo Innocenzi est un fouillis sans nom… Mais les vendeurs, dans leurs blouses brunes d’une autre époque, sauront vous conseiller. En vrac (sans métaphore), on y trouve de multiples sortes de pâtes et de sauces qui vont avec, des céréales et des légumineuses (dont de très nombreux riz italiens), des douceurs transalpines (amaretti, canestrelli, petites couronnes au vin, confiseries, etc.), et une grande variété de spécialités locales venues de tous les coins de la péninsule.

Pour ceux qui aiment tartiner, la Drogheria Innocenzi a une incroyable sélection de miels (amandier, citronnier, lavande, etc.), des confitures artisanales originales (cédrat, bergamote, réglisse, piment, etc.) et surtout, surtout, la redoutable crème de noisettes Baratti & Milano, du café turinois fondé en 1858 (qui est au nutella ce que le béluga est aux œufs de lump… pas de mauvaises graisses ajoutées, juste des noisettes, du sucre, du cacao et du lait écrémé en poudre).

Vous y trouverez également de nombreux produits à base de truffes noires ou blanches : entières, en morceaux, en pâte, en huile parfumée, etc. Les alcools ne manquent pas à la Drogheria Innocenzi : un vaste choix d’eaux-de-vie de raisin (la grappa) ou d’autres plantes italiennes : figues, figues de Barbarie, etc.,

Fermé le dimanche et le jeudi après-midi (et le samedi après-midi l’été)

Piazza San Cosimato, 66 – 00153 Trastevere – Roma
+39 06 581 2725

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Rubrique : Rome

Rome est pleine de trattorie et il est difficile d’en élire une plutôt qu’une autre. Finalement, à nourriture similaire, elles ne se différencient que par l’affection qu’on leur porte, souvent pour des raisons éminemment subjectives. Pour les Doudes, LA trattoria romaine c’est La Botticella.

Depuis quelques années, le quartier du Trastevere (« trans Tiberim », l’Outre-Tibre) perd rapidement son esprit prolétaire pour devenir un quartier touristique et branché. Il est donc devenu plus difficile d’y trouver un restaurant populaire qui préserve l’esprit local. Dans une ruelle un peu à l’écart de la foule, parallèle et à l’ouest de la Via della Scala, La Botticella est une poche de résistance face aux mangeries qui envahissent le quartier.

Avec ses toiles cirées en vichy rouge et blanc, sa treille, sa décoration intérieure parfaitement kitsch (des soldats romains, des statues de dieux, des photos d’Anna Magnani et d’Alberto Sordi, de la peinture rose, etc.), la Botticella est la parfaite trattoria romaine, de celles qu’on éviterait partout ailleurs. Pourtant, là, on se sent bien. Grâce à la cuisine, grâce à l’adorable patronne et à son sbire, une sorte de Roy Orbison géant.

La Botticella sert les grandes spécialités de la cuisine romaine : les inévitables artichauts à la juive bien sûr (frits), mais aussi la tarte aux anchois et aux endives, les fleurs de courgette farcies d’anchois et de mozzarella, ou la soupe de brocolis et d’arzilla (la raie bouclée, Raja clavata). Bien sûr, les pâtes sont en bonne place : rigatoni alla pajata (aux intestins de veau non sevrés cuits avec le lait caillé encore à l’intérieur…) ou schiaffoni all’amatriciana (des sortes de cannelloni plats avec une sauce tomates-piments-pecorino romano).

De nombreux plats de viande sont à la carte : la porchetta (le cochon de lait farci et grillé), les saltimbocca alla romana (escalope de veau roulée avec des feuilles de sauge), les tripes à la romaine (avec des carottes, du céleri et des tomates), la coda alla vaccinara (queue de veau « à la bouchère », longuement mijotée avec des légumes), bref de quoi rendre heureux les carnivores de passage. En dessert, si vous avez encore de la place, essayez la torta romana à la ricotta et au chocolat.

À la belle saison, on peut manger dehors, sous les draps qui sèchent en travers de la ruelle. La Botticella, on y va et l’on y revient. Parce que c’est Rome, parce que c’est bon, parce que c’est comme dans les films… Marceeeellllo ! Marceeeellllo !

Environ 30 € par personne avec le vin.
Ouvert de 19h à minuit tous les jours sauf le mercredi, et pour déjeuner le dimanche et les jours fériés.

Vicolo del Leopardo, 39/A – 00153 Trastevere – Roma
+ 39 06 581 4738

www.ristorantelabotticella.com

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Rubrique : Épices, condiments & herbes

Le safran ? Mais n’est-ce pas un sujet abondamment battu et rebattu ? Que reste-t-il à savoir sur le safran ? C’est ce que nous pensions aussi, jusqu’à ce qu’un petit ouvrage croise notre chemin et nous révèle que nous étions safranignares… Voici donc une astuce pour profiter au maximum de l’or rouge.

Petit rappel des bases : le safran est composé des stigmates séchés d’un crocus d’automne, Crocus sativa (les stigmates sont les extrémités du pistil). Il est utilisé depuis l’Antiquité pour parfumer des plats ou colorer des textiles. Selon l’indispensable Dictionnaire de Cuisine d’Alexandre Dumas, les Romains l’employaient pour parfumer leurs théâtres.

Autrefois, le safran était abondamment cultivé en Provence et dans le Gâtinais. Sa culture a périclité et 95 % du safran est aujourd’hui produit dans la province du Khorassan, en Iran. En France, on assiste à un renouveau et des safranières se sont récemment développées, qui permettent d’acheter du safran dont la pureté est garantie (ce qui, disons-le net, n’est quasiment jamais le cas du safran du commerce coupé avec toutes sortes de choses…).

Tout cela n’est guère nouveau. Mais saviez-vous que, pour parfumer un plat, le safran sec (en stigmates ou en poudre) doit tout d’abord infuser ? En effet, le safran sec contient une substance amère, la picrocrocine, qui, en présence d’eau, se transforme en safranal, une substance plus parfumée qui donne au safran toute sa valeur gustative. Sans cette période d’infusion, le safran ne révèle qu’une fraction infime de ses capacités.

Cette transformation chimique demande du temps et se déroule plus facilement en milieu légèrement acide. Pour cette raison, le cuisinier bien informé fait d’abord infuser son safran dans un peu d’eau citronnée ou vinaigrée, de vin blanc, de jus de fruit, de bouillon de cuisson, de yaourt ou de lait, etc. La durée de l’infusion varie selon la température du liquide : une heure pour un liquide chaud, douze heures à température ambiante.

Pour éviter de devoir penser à préparer son safran une demi-journée avant de se mettre aux fourneaux, il est possible de laisser infuser une quantité plus importante de safran, puis de conditionner le liquide dans un bac à glaçons : il suffira de prélever un glaçon et de l’ajouter en fin de cuisson (le safran n’aime ni l’ébullition, ni la friture). Pour doser cette préparation, c’est facile : il suffit que chaque glaçon contienne l’équivalent de 0,1 gramme de safran (45 stigmates), soit la dose pour un plat pour quatre personnes. À vous les règles de trois pour calculer le volume de liquide et les dixièmes de gramme de safran, selon la taille de vos glaçons !

Pour en savoir beaucoup plus sur le safran, un petit livre fort bien fait : Le safran de Pierre Aucante, Éditions Actes Sud.
Et pour acheter du safran frrrrrrançais :
La safranière de la Font Saint Blaise.

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Rubrique : Italie

Si vous pensez que la restauration rapide italienne, c’est la foccacia ou la pizza, vous vous fourvoyez. Le fast-food transalpin, c’est le tramezzino, sandwich triangulaire des petites faims à toute heure. Une sorte de coussin triangulaire, moelleux, douillet, dont la confection relève d’une forme d’art populaire où l’esthétique joue un rôle important.

Les tramezzini sont une spécialité italienne récente puisque leur préparation exige du pain de mie très blanc et sans croûte, sans doute un apport anglo-américain. Leur « invention » aurait eu lieu à Turin dans les années 1920 (au Caffè Mulassano de la piazza Castello), mais cela relève probablement de la légende. En effet, les tramezzini semblent fortement inspirés des sandwiches britanniques servis lors du « High Tea ». Baptisés par l’écrivain Gabriele d’Annunzio (une autre légende ?), ils sont devenus populaires dans les années 1950, d’abord dans le nord de l’Italie puis dans le reste du pays. Néanmoins, Mestre/Venise et Turin se disputent toujours le titre de capitale du tramezzino…

Les tramezzini ne sont pas de simples carrés de pain de mie farcis et coupés en diagonale : le tramezzino, une fois tranché, doit montrer une section élégante, graphique, géométrique. Ceux qui les préparent posent les ingrédients de manière à ce que la coupe révèle des motifs réguliers. Spirales de charcuterie farcies de fromage frais, rayures d’épinards et de gorgonzola, chevrons de tomates, d’artichauts et de thon, etc. Le tramezzino se doit d’être beau avant d’être bon.

Les variétés se sont rapidement éloignées des classiques thon-œuf dur haché ou jambon-œuf. Dans la plupart des cas, les ingrédients sont liés par de la mayonnaise ou une sauce maison pour éviter que les tramezzini ne se défassent à la moindre manipulation. Aujourd’hui, on trouve toutes sortes de tramezzini : avec des tomates, des artichauts, de la mozzarella, de la porchetta (le cochon de lait désossé, farci et rôti), des crevettes, du crabe, des asperges et même un tramezzino à la viande de cheval séchée et à la roquette…

Si vous vous promenez en Italie, gardez l’œil ouvert pour admirer et goûter la production locale de tramezzini. Chaque région a ses spécificités et il est possible de faire un grand Tramezzini Tour de la péninsule. Récemment, une boutique en ligne de tramezzini a ouvert : elle dessert les villes de Turin, Milan, Rome, Monza et… Shanghai !!! À Paris, on trouve parfois des tramezzini chez les traiteurs italiens ou dans les restaurants-cafés (par exemple au Miroglio Caffè, 88 rue Saint-Martin, 75004).

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Rubrique : Produits de la mer

Poutargue ou boutargue ? En français, ces œufs de mulet salés et séchés typiques du bassin méditerranéen ont deux noms. Du côté de Martigues, capitale française de ce mets délicat, on dit poutargue, alors les Doudes marseillaises font de même. Même si, en provençal, on dit « boutarguo ». De toute façon, la bouche pleine, ça sonne pareil, tè !

La poutargue est extraite de femelles de mulet noir ou jaune (respectivement Mugil capurii et Mugil cephalus, plus gros). En saison, les mulets sont pêchés, les poches pleines d’œufs (de cinq à sept… millions par poche) sont prélevées, massées pour enlever les bulles d’air, séchées et salées avant d’être recouvertes d’une couche de paraffine. Comme pour la mojama, la technique remonte probablement aux Phéniciens qui l’ont laissée en héritage à l’ensemble des pays méditerranéens. La fabrication de la poutargue demande un certain doigté pour obtenir un produit goûteux et souple.

La poutargue peut se consommer telle quelle à l’apéro, en fines tranches avec du pain, de l’huile d’olive et du citron. N’oubliez pas d’enlever la paraffine et la fine membrane qui enrobe les œufs… Dans la cuisine, une fois râpée ou broyée au mortier, elle peut servir à toutes sortes de plats : salades, pâtes, omelettes ou dans la rouille de la bouillabaisse. En Sicile, on trouve encore de la poutargue de thon, encore plus savoureuse que celle de mulet.

Spaghettis à la poutargue façon Doudes

Pour 4 personnes

  • 600 g de spaghettis De Cecco (sinon la Doude italienne râle…)
  • 90 g de poutargue râpée ou hachée très fin ou passée au mortier
  • 8 cuillerées à soupe d’huile d’olive extra vierge
  • un demi zeste de citron râpé
  • le jus d’un demi citron
  • 150 g de tomates cerises coupées en deux

Mélangez la poutargue, le jus de citron, le zeste et l’huile d’olive et laissez reposer au moins une demi-heure. Faites cuire les spaghettis dans une grande quantité d’eau très peu salée (la poutargue l’est suffisamment), une minute de moins que la durée indiquée sur le paquet (soit onze minutes pour des De Cecco N°12, on est pro ou on ne l’est pas…). Égouttez-les et mélangez-les avec l’huile à la poutargue et les tomates cerises. Ajoutez un peu d’huile d’olive si nécessaire.

La poutargue se trouve dans les épiceries fines, grecques ou moyen-orientales. Les mulets étant de moins en moins nombreux, elle est de plus en plus chère. Essayez d’en trouver une recouverte d’une couche de paraffine plus mince que celle qui est sur la photo… La poutargue se commande facilement en ligne, par exemple chez Boutargueonline, un excellent site d’information qui vend également de la poutargue en poudre, moins chère et idéale pour les pâtes.

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Rubrique : Rome

Avez-vous déjà vu une librairie transformée en restaurant ? Avez-vous déjà traversé des rayons de livres en jonglant avec une assiette pleine, des couverts, un verre de jus d’orange, une serviette… À Rome, au cœur du quartier du Trastevere, la librairie-centre-culturel-webcafé-restaurant Bibli permet tout cela et plus encore…

Bibli, c’est une institution romaine. Créée en 1995, cette structure culturelle est une sorte d’oasis dans le très touristique et bobo-ifié quartier du Trastevere, si cher à Pasolini. Bibli est d’abord une librairie de plusieurs salles organisées autour d’une courette. Elle se double d’un centre culturel où sont organisés des conférences, des rencontres, des lectures, des concerts, des projections de films, des activités pour les enfants, etc.

Bibli est également un centre d’accès au réseau (avec wifi gratuit) et un café-restaurant qui sert des déjeuners, du thé et des gâteaux dans l’après-midi, un apéritif-buffet à partir de 18h30 (avec ambiance de musique classique), un petit brunch le samedi et un grand brunch le dimanche.

Les Doudes ont essayé le brunch du dimanche et ce fut un moment surréaliste. Imaginez une librairie envahie de tables, avec des buffets croulants sous les salades, les légumes au four, les pâtes, les tartes salées, les pâtisseries, les pancakes, etc. Une foule bigarrée se croise en essayant (un peu vainement) de ne rien renverser sur les livres… Le personnel de Bibli se démène pour que les buffets soient toujours garnis et les clients satisfaits, contribuant à l’effet de fourmilière en folie.

Bibli, c’est un espace comme on rêve d’en avoir un dans son quartier. Ouvert sur le monde et sur les cultures, où la gourmandise est traitée sur le même pied que la curiosité intellectuelle. Si vous passez par Rome le temps d’un weekend, décrochez le téléphone, prenez votre plus bel accent italien pour réserver et allez vous offrir toutes les nourritures dont l’âme et le corps ont besoin. Après cet instant magique, les ruelles du Trastevere vous paraîtront encore plus belles.

Ouvert le lundi de 17h30 à minuit, les autres jours de 11h à minuit.
Brunch samedi et dimanche de 12h30 à 15h30 (réservation conseillée), 20 €.
Déjeuner les autres jours de 12h30 à 15h30, 10 €.
Apéritif avec buffet tous les jours de 18h30 à 21h30, 10 €.

Via dei Fienaroli, 28 – 00153 Trastevere, Roma.
+ 39 06 581 4534

www.bibli.it

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Rubrique : Fromages

Vous pensez que la France est le pays des fromages qui puent ? Révisez votre jugement et découvrez le schabziger, la boule puante des fromages faisandés made in Switzerland. Cette spécialité ancestrale pourrait justifier l’invasion de la Suisse alémanique pour nous avoir dissimulé une arme de destruction massive…

Dans le centre-est de la Suisse, il y a le canton de Glaris (Glarus en Schwiizertüütsch). Et dans la ville de Glaris, il y a la société Geska AG qui fabrique un fromage mythique, le schabziger. Présenté sous la forme d’un élégant cône vert amande, le schabziger est préparé à partir de lait de vache écrémé, chauffé et additionné de ferment lactique acide. Une fois égoutté, le fromage obtenu (le sérac) est mûri de un à trois mois, malaxé, salé et placé en silos pour trois à huit mois.

Ensuite, et c’est là le secret du schabziger, on y ajoute de la trigonelle bleue séchée (Trigonella caerulae ou Ziger-Klee), une sorte de mélilot rapportée du Moyen-Orient par les Croisés et populaire au Moyen-Âge pour parfumer les plats. Cette plante va lui donner son joli teint vert pâle et sa saveur fatale. Car, même selon son fabricant, le schabziger divise le monde en ceux qui aiment (dans le canton de Glaris) et les autres…

Tout juste sorti du réfrigérateur, le schabziger dégage un parfum certes intense mais pas forcément rebutant : une forte odeur de foin fraîchement coupé et de fromage oublié dans un placard depuis le siècle dernier. Un récent article dans la Tribune de Genève faisait référence à des vestiaires après le match, mais cela nous paraît injuste. Sauf si toute l’équipe souffrait de mycose des pieds.

Mais là où le schabziger déploie toute sa puissance, c’est dans la cuisine. Il s’utilise râpé, probablement pour ne pas dépasser la dose mortelle, comme pour la muscade ou la fève tonka. Il existe même un moulin spécialement dessiné pour lui, sans nul doute en kryptonite. Le schabziger est donc plutôt un condiment, employé froid (pour des salades, par exemple) ou chaud (sur des pâtes, des pommes de terre, des soupes, etc.).

Les Doudes l’ont essayé sur des pâtes au beurre, tout simplement. Qui ont tout simplement fini dans la poubelle. Si le schabziger s’enorgueillit d’être resté identique depuis 1463 (où une loi en a fixé les caractéristiques), les Doudes soupçonnent que cette incroyable constance résulte plutôt du fait que tous les schabziger vendus depuis ont été fabriqués cette année-là… En tout cas, son goût en témoigne qui semble provenir tout droit du Moyen-Âge le plus obscur.

Pour ceux qui en ont assez de la vie, le fabricant a mis en ligne un site entièrement consacré au schabziger où il est possible de commander la bête (nul permis n’est requis) et qui propose de nombreuses recettes. La Suisse, patrie du droit de mourir dans la dignité fromagère…

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Rubrique : Paris

Les lecteurs et les lectrices du Festin nous demandent parfois où trouver tel ou tel ingrédient nécessaire pour préparer un plat du Proche ou du Moyen-Orient. Voici, pour les Parisiens, une adresse utile. Le supermarché libanais « Les Délices d’Orient », probablement le mieux achalandé de la région parisienne, est une mine d’or pour ceux qui aiment la cuisine méditerranéenne.

Fondée il y a une quinzaine d’années par Roméo et Claire El Hawly, l’épicerie libanaise « Les Délices d’Orient » s’est récemment transformée en un véritable supermarché où l’on trouve des produits frais et surgelés, des épices, des vins, des céréales, du café oriental, bref tout ce qu’il faut pour cuisiner libanais, grec, turc, égyptien, syrien, etc.

Nous y faisons provision d’épices de toutes sortes (sumac, za’atar, mastic, mahlep, etc.), de mélanges tout-prêts pour faire du salep ou du muhallebi, de tahina (la pâte de sésame), de baklava et de toutes sortes de pain plat libanais (khabez ou pita), d’amardine et de confiseries à la pistache ou à la rose, de mélasse de grenade, etc. Le rayon des alcools est bien fourni avec de nombreux vins libanais et un impressionnant assortiment d’arak (l’anisette libanaise).

Au rayon frais, on trouve une grande variété de fruits et de légumes, du yaourt et des fromages turcs, de l’halloumi, de la poutargue, de la corette surgelée (mouloukhiyeh, pour faire le plat du même nom), des pizzas dites « arméniennes », etc. Un rayon traiteur propose des manouché (sandwich-pizza libanais parfumé avec du fromage labneh, du za’atar, du sumac, des épinards, etc.), des mezze divers et d’autres spécialités. À deux pas du supermarché, « Les Délices d’Orient » ont également ouvert une pâtisserie – traiteur où il est possible de manger et donc de goûter des plats avant de les acheter.

Et pour ceux qui ont la chance de ne pas habiter à Paris (ou vice-versa), il reste Libanus, la grande épicerie libanaise en ligne, un classique efficace quand on ne veut pas bouger de chez soi !

Supermarché « Les Délices d’Orient »
Ouvert de 8h30 à 20h00 – Fermé le lundi.
53 avenue Émile Zola – 75015 Paris
+ 33 1 45 79 10 00

Pâtisserie – Traiteur « Les Délices d’Orient »
Ouvert de 12h à 14h30 et de 9h30 à 22h30 – Fermé le dimanche.
14 rue des Quatre Frères Peignot – 75015 Paris
+ 33 1 45 77 82 93

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Rubrique : Accompagnements

Le sarrasin, vous connaissez ? Oui, celui des crêpes… Mais en avez-vous déjà mangé autrement que réduit en farine ? En Europe de l’Est, les graines de sarrasin grillées sont la base d’un plat populaire, la kasha, aussi central dans la cuisine de ces pays que le riz en Asie. Pour changer du blé ou du bulgur, il est temps de découvrir la kasha.

Le sarrasin (ou blé noir, Fagopyrum esculentum) fait partie des grains consommés par l’homme depuis au moins… huit mille ans ! Originaire de l’Asie du Sud-Est, il est présent en Europe depuis le sixième millénaire avant J.C. Aujourd’hui, le sarrasin est surtout consommé en Europe de l’Est, au Japon, en Corée et en Amérique du Nord où il a été emmené par les émigrants est-européens. Dans ces pays, les graines de sarrasin sont cuisinées entières ou réduites en farine pour faire des crêpes, des blinis, des pâtes (les soba japonaises ou les guksu coréennes, par exemple), etc.

En Russie comme dans les pays de l’Est, le sarrasin grillé est si fréquemment préparé sous forme de kasha (porridge) que le mot « kasha » est devenu synonyme de sarrasin. La kasha est le plat paysan par excellence. Elle est consommée telle quelle, en accompagnement, ou utilisée dans la farce de petits chaussons (les knish) ou de feuilles de chou. La kasha forme une des bases de la cuisine yiddish, en particulier mélangée à des oignons, des farfalles et du jus de poulet rôti : c’est la kasha varnishkas, un plat emblématique de la cuisine juive ashkénase.

Bien préparée, la kasha est un accompagnement délicieux au goût de noisette. Elle ne contient pas de gluten et convient donc aux personnes qui souffrent de maladie cœliaque (allergie au gluten). On trouve de la kasha dans les épiceries juives ou est-européennes (par exemple, Izraël) et sa recette est simplissime.

Kasha

Pour 4 personnes

Faites bouillir deux grands verres d’eau avec une cuillerée à soupe de beurre et du sel. Lavez un grand verre de graines de sarrasin à l’eau chaude et égouttez-les. Mélangez le sarrasin avec un œuf battu et placez le tout dans une casserole. Faites cuire à feu vif trois minutes en remuant sans cesse. Quand l’œuf est sec et les grains séparés, versez doucement l’eau beurrée bouillante et mélangez. Couvrez et faites cuire à feu doux sans remuer, dix minutes environ (jusqu’à ce que l’eau soit absorbée et la kasha tendre). Cessez la cuisson, mais laissez reposer dix minutes au chaud (sous une serviette par exemple). Avant de servir, poivrez et mélangez avec une fourchette en soulevant délicatement les grains.

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