Rubrique : Paris

Parfois, votre chemin croise une carte de restaurant qui vous fait saliver comme un petit-gris et dont les plats semblent faire écho à votre envie de fusion culinaire. Seulement voilà… au lieu de découvrir de nouvelles harmonies, vous vous retrouvez au cœur d’une cacophonie maladroite qui vous met les nerfs en pelote. Récit des Doudes au pays de Playtime.

Comment, lorsqu’on prétend s’intéresser aux errances culinaires, ne pas fondre devant un restaurant dont la carte contient des phrases comme « fumet de miso au galanga et feuilles de kaffir » ou « mousse fumée au wasabi et gingembre râpé » ? Playtime, la nouvelle incarnation de Viveka Sandklef et Jean-Michel Rassinoux, dit juste cela. Et, au lu des critiques, les Doudes y ont couru comme si le petit Jésus venait d’y naître.

En entrée, ce fut un peu la confusion. En face d’une très intéressante mousse légère (un euphémisme !) de racines de persil, anguille fumée, huile de citronnelle, il y avait des noix de St-Jacques marinées au garam masala (sans goût), mousse de citron bergamote et (absence de) pousses de shiso vert. Mais notre perplexité fut à son comble avec l’arrivée des plats.

Sur une assiette, une aile de raie de bon aloi faisait la gueule à un risotto à la pousse rouge rosâtre et plâtreux qui fut renvoyé tel quel en cuisine (franchement, on en a tué pour moins que ça sur les rives du Pô). Sur les bords, un caviar d’aubergines sans âme et une excellente purée de betteraves jaunes à la cardamome comptaient les points. En face, des noix de joues de porc à la citronnelle et au miso se demandaient justement où étaient passés ces deux ingrédients. D’honnêtes noix de joues de porc traditionnelles sans relief, avec une polenta aux olives noires un peu trop salée.

Les desserts répétèrent le sketch des entrées. En face d’une glace au safran, poire pochée au vin rouge et gâteau aux épices de Noël délicieux bavouillait le mariage contre-nature d’une espuma de chocolat blanc – clou de girofle et d’une gelée de mandarine. La tuile aux graines de sésame en était rigide d’effroi.

Playtime est la démonstration grandeur nature que les rencontres inédites de saveurs ne font pas forcément de la bonne cuisine. Et qu’à vouloir trop faire d’esbroufe dans une seule assiette, on finit par perdre le fil. Au lieu d’errances gustatives si chères à nos cœurs, il ne reste plus que des errances tout court… et le sentiment qu’un mauvais lutin avait secoué les placards au hasard Balthazar.

Lorsqu’on compare la prestation de Playtime à celle de Youlin/Sola ou, dans un ordre de prix plus similaire, de celle de l’Avant-Goût (26 rue Bobillot, 75013) avec son pot-au-feu de cochon aux épices ou de sa crème au chocolat sur lit de confiture de poivrons, là, c’est le wasabi au yuzu qui vous monte au nez devant tant de maladresse !

Formule Soir : entrée/plat ou plat/dessert à 28 €, entrée/plat/dessert à 35 €.
Fermé les samedi, dimanche et lundi soir.

5 rue des Petits Hôtels – 75010 Paris
+33 1 44 79 03 98
(à ne pas confondre avec la péniche Playtime à Ivry-sur-Seine !)

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Quand l’un des restaurants préférés des Doudes se clone en plus grand, que faire sinon s’y précipiter ? Sola, c’est le nouveau projet de l’équipe du Youlin, dont nous vous avions dit le plus grand bien. Une fois de plus, les Doudes ont poussé des grognements de bêêêêtes en rut devant leurs assiettes…

Si Youlin se cache à l’ombre du Panthéon, Sola (de son vrai nom, Sola par Hiroki.Y) a choisi une rue calme à un jet de gargouille de Notre-Dame. Vu de la rue, le restaurant paraît très classique. Mais ses caves voûtées ont été aménagées « à la japonaise arthritique », c’est-à-dire avec du parquet et des tables basses surplombant des fosses pour ne pas avoir à manger assis en seiza (il ne manque que le hibachi et la nappe molletonnée pour en faire un kotatsu des familles…).

Chez Sola, comme chez Youlin, on choisit le nombre de plats, pas leur nature. Deux formules, l’une à 45 € (deux entrées, un plat, un dessert), l’autre à 60 € (deux entrées, deux plats, deux desserts et des bonus). Le soir où les Doudes y sont allés, la formule à 60 € comprenait :

  • une soupe au chou et au jus de romarin à se pâmer, avec un micro-toast de foie gras caramélisé au miso qui faisait crier : « Encore, encore ! » ;
  • une salade de légumes verts (dont des feuilles de capucine) assaisonnée d’une vinaigrette de yuzu et accompagnée d’un œuf poché, le tout avec une espuma d’origine inconnue (un escargot dans les capucines ?) et une sauce aux petits pois ou aux fèves fraîches ;
  • du calmar grillé et en tempura fondant à souhait, avec du chou chinois, des lamelles de champignon et des feuilles de ficoïde glaciale (Mesembryanthemum crystallinum ou ice plant) ;
  • du cabillaud à la sauce d’algues noires (hijiki, celles qui ont un goût de réglisse), avec un demi micro-radis blanc braisé, une petite sauce au chou-fleur et une sauce épicée au yuzu qui arrachait sa mère ;
  • un tendre morceau de pigeon braisé avec sa sauce de betterave et son chutney de pommes (manger du pigeon à Paris, ça nous rend toujours nerveux…) ;
  • une crème de yuzu avec une glace au kiwi et sa tuile de kiwi séché (une tuerie pour les papilles qui se tordent dans tous les sens) ;
  • une guimauve de poudre de soja (kinako) qui nous a laissés les yeux écarquillés et prêts à n’importe quelle bassesse pour en avoir une autre ;
  • une glace vanille avec une crème au chocolat, des noisettes caramélisées et une gaufrette au cacao, le seul point un peu tristouille de la soirée.

Comme son nom l’indique, Sola est sous la direction culinaire d’Hiroshi Y(ashitake), ancien de Ze Kitchen Gallery, entre autres. Les desserts sont l’œuvre de Fukano Hirobu qui pâlit un peu face à la maîtrise des entrées et des plats. Mais bon, on ne va pas cracher dans la soupe au chou : Sola, c’est aussi bon que Youlin dans un cadre plus confortable qui laisse plus de place aux papilles. Et que disent les Doudes à Youlin Ly ? « Jamais deux sans trois… ! »

Actualisation Février 2012 : Sola vient d’obtenir sa première étoile au Guide Michelin. Quand on vous disait que c’est bon…

Ouvert de 12h à 14h30 et de 19h à 22h
Fermé le dimanche et le lundi.

Sola par Hiroki.Y
12 rue de l’Hôtel Colbert – 75005 Paris – France
+33 1 43 29 59 04
www.restaurant-sola.com

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Pour découvrir la cuisine d’un pays, rien de tel que de suivre des amis qui y plongent leurs racines. Les Doudes sont partis explorer la cuisine magyare avec Olivier et Valérie, experts es-gourmandise en général, et en gourmandises hongroises en particulier. Et capables de lire le menu sans trébucher sur les « szt », les « szk » ou les « csk »…

La cuisine hongroise est probablement la cuisine européenne qui concentre le plus grand nombre d’influences. Ce territoire a été si souvent dominé par des cultures voisines que la culture magyare n’a dû sa survie qu’à sa capacité à les absorber, sinon dans sa langue, au moins dans sa cuisine. Les influences slaves, turques, allemandes, autrichiennes, italiennes, mais également françaises, sont venues se greffer sur le vieux fond nomade asiatique.

Pour ceux qui aiment la paléontologie culinaire (identifier les anciennes strates étrangères dans une cuisine locale), la cuisine hongroise est un vrai lunapark. Voici une cuisine symbolisée par le paprika, alors que le poivron y est finalement d’importation assez récente (au XVIIe siècle sous l’influence des Turcs). Mais en creusant un peu, on y trouve des éléments nomades comme les pogácsa (des galettes en Hongrie, des petits pains en Turquie sous le nom de poğaça), les brochettes (chachlick, le même mot qu’en Asie centrale), la multitude de pâtes faites maison (les « galuska »), parfois séchées, ou le principe du ravioli qui rappelle les mantis centrasiatiques.

Or donc, sur la butte Montmartre, se trouve un petit morceau de Hongrie fort sympathique : Au Petit Budapest. Un tout petit restaurant, chaudement décoré de vues de Budapest et de diverses antiquités hongroises. Le menu est très « cuisine familiale » : des crêpes (palacsinta) à la viande, du fromage blanc aux herbes, du poulet au paprika et à la crème (paprikás csirke), des accompagnements de galuska, et un très surprenant plat gitan de foies de volaille au paprika accompagnés d’escargots aux herbes acidulées. En dessert, le retour des palacsinta, cette fois-ci aux griottes (Meggyes palacsinta), au chocolat-chantilly (Gundel palacsinta) ou au fromage blanc (Turos palacsinta).

Pour arroser la cuisine hongroise, les vins ne manquent pas au pays du Tokaji. Nous avons choisi un Sang de taureau (Egri Bikavér) beaucoup plus léger que son homonyme ibérique. Et pour finir le repas, une petite pálinka (eau-de-vie de fruits) de derrière le comptoir… Si vous avez envie de découvrir la cuisine hongroise, n’hésitez pas à réserver car le Petit Budapest est vraiment… petit !

Environ 25 € par personne avec le vin.

96 rue des Martyrs – 75018 Paris
+ 33 1 46 06 10 34

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La cuisine sicilienne est l’une des meilleures et des plus originales du bassin méditerranéen. Pour s’y plonger toute papille dehors, les Parisiens ont la chance d’avoir Les Amis des Messina, restaurant sicilien qui propose un éventail représentatif de l’île trinacrienne. Alors en route pour le pays des pistaches et des câpres…

Originaires de Cefalù, sur la côte nord à l’est de Palerme, Ignazio et Giuseppe Messina sont les deux ambassadeurs de la cuisine sicilienne à l’origine des Amis des Messina. Ignazio propose également des cours de cuisine sicilienne et des repas préparés à domicile.

Chez les Amis des Messina, on retrouve les grands classiques de cette cuisine qui marie des influences arabes, grecques, italiennes, levantines, espagnoles, etc. Une vraie cuisine fusion avant l’heure. En entrée, goûtez par exemple les fleurs de courgette farcies à la ricotta, les sardines en beccafico (farcies avec un mélange de raisins secs, pignons, câpres, anchois, olives…), les moules à la sicilienne, la poêlée d’artichauts et de trévises à la menthe, etc.

Côté pasta, bien sûr, le plat emblématique sicilien, les spaghetti alle sarde (à la pâte de sardines aux pignons et fenouil), mais aussi des pâtes à l’espadon, aux gambas, aux palourdes, au thon, aux aubergines… Des plats de veau ou de poisson sont proposés selon le marché et la saison : polpette (boulettes), stracotto (une sorte de daube de veau), espadon farci à la poutargue et au pecorino, friture mixte, etc.

Chez les Amis des Messina, les desserts sont à tomber : les cannolicchi, bien sûr, ces cigares de pâte frite au marsala et à la cannelle fourrés de crème de ricotta de chèvre au citron ou à l’orange ; le babà au limoncello, les glaces et sorbets, la pannacotta, le tiramisú, la tarte aux pistaches et oranges, etc.

Et côté vins, les grands classiques de l’île à base de Nero d’Avola, de Nerello Mascalese ou Perricone pour les rouges, et d’Inzolia ou de Grecanico pour les blancs. Et le Marsala, bien sûr.

Bref, pas besoin de faire un dessin, les Doudes aiment les Amis des Messina…

Environ 50 € par personne avec le vin.
Fermé le samedi midi et le dimanche.

204, avenue du Faubourg Saint-Antoine – 75012 Paris
+ 33 1 43 67 96 01
lesamisdesmessina.com

le site d’Ignazio Messina

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On ne peut pas dire que Paris croule sous les restaurants afghans. Pourtant, la cuisine de ce pays est intéressante par ses influences perses, indiennes et ouzbeks. Dans le XIe arrondissement, L’Afghanistan est une bonne adresse pour découvrir ce que ce pays offre en matière de spécialités culinaires. À moins que vous ne suiviez le plan secret des Doudes…

L’Afghanistan est un restaurant douillet et sans prétention où l’on vous sert de la bonne cuisine afghane, fine et parfumée. Que trouve-t-on au menu ? En entrée, essayez par exemple le zardak shirine (confit de carottes au gingembre et lentilles), les bolani (chaussons fourrés aux poireaux), les borani torahi (tranches de courgettes au yaourt) ou les pakawré mohi (croustillants de sardine au curcuma, tomates et coriandre).

Les plats principaux sont variés et délicieux : les ashak (des raviolis aux poireaux et à la viande cuits à l’eau), le shalgham tchalaw (veau aux navets et au miel servi avec du riz), divers khorme (ragoûts proches des khoresh perses ou des korme indiens) servis avec du riz, des dolme mortch (poivrons farcis), etc. En fin de semaine, L’Afghanistan propose un khabilie palau, le riz aux carottes qui est comme un écho du plov ouzbek.

Au dessert, L’Afghanistan est le meilleur restaurant parisien pour goûter le halwa zardak, le délicieux entremets de carottes. Ils proposent également un halwa à base de farine grillée, de raisins secs et d’épices, mais également le firni, un flan à la cardamome et aux noix, et le chir-yakh, une crème glacée maison servie avec du sirop de griottes (également maison). Et pour boire, bien sûr, du dour, le yaourt dilué au concombre et à la menthe !

Mais, pour manger afghan à petit prix et en faisant une bonne action, pourquoi ne pas essayer la Cantine Afghane ? Chaque mois, les bénévoles de cette association, afghans et français, vous invitent à déguster un dîner afghan pour 9 €, entrée-plat-dessert, dans le cadre de la Rôtisserie, rue Sainte-Marthe dans le Xe arrondissement de Paris ! Les fonds collectés à l’occasion de ces repas servent à financer des cours de français gratuits pour les exilés afghans. Idéal pour se faire expliquer la cuisine afghane par un autochtone ! Avec un peu de chance, vous y verrez une unité doudienne aux fourneaux ou en salle…

Environ 30 € par personne le soir, avec les boissons.
Fermé à midi et le dimanche.

48 rue Saint-Maur – 75011 Paris
+33 1 49 23 02 91

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Un bon bouiboui chinois sans devoir aller dans le 13e arrondissement, c’est tout bénéf’ pour les Doudes. Si en plus ce bouiboui propose des pâtes fraîches étirées sous nos yeux ébahis et de la cuisine bien épicée du Sichuan, alors c’est jackpot ! Happy Nouilles, c’est slurpslurpslurp miammiammiam et des sinus bien ramonés en sortant.

Les restaurants chinois proposant des nouilles fraîches (la mian) préparées sur place se multiplient à Paris. Les la mian sont (littéralement) des « étirées nouilles », cousines des laghman ouigoures ou des lagman ouzbeks. Au métro Arts et Métiers, à côté de la rue au Maire, le plus ancien quartier chinois de Paris, un de ces établissements vient d’ouvrir, tenu par une équipe jeune, sichuanaise, féminine et particulièrement sympathique.

Happy Nouilles, c’est d’abord le spectacle en vitrine : la fabrication des la mian à la main (la mian/la main, funny isn’t it?). La personne qui officie saisit un cylindre de pâte par ses extrémités et le secoue de haut en bas pour qu’il s’étire façon corde à sauter. Un coup de poignet pour replier la corde et hop ! une belle torsade qui est pétrie, secouée de nouveau, torsadée, pétrie, secouée, torsadée… Ensuite, en utilisant les doigts comme des peignes, la pâte est divisée, pliée, coupée, divisée, pliée, coupée et, tadaaaa, voici des spaghettis épais tout doux, les fort appétissantes la mian.

Et comment mange-t-on ces merveilles d’artisanat culinaire ? Al dente dans un bouillon riche et goûteux avec divers accompagnements (tang mian) ou sautées au wok (chao mian). Parmi les plats préférés des Doudes chez Happy Nouilles, il y a les tang mian au bœuf épicé (épicé est le mot-clé…) et celles au porc haché, moins incendiaires. Mais aussi la version sautée, délicieusement grasse et goûteuse… Pour accompagner les nouilles, nous recommandons de délicieux petits cœurs de choux chinois sautés à l’ail ou une salade de bébés aubergines intensément parfumée.

Happy Nouilles, c’est une quinzaine de tang mian et pas mal de chao mian. Il y en a pour tous les goûts et sans casser sa tirelire (de 6 à 10 € le plat). Pas de la haute gastronomie, mais des plats riches en goût qu’on ne peut pas faire chez soi (un bon bouillon pour les nouilles se fait en grande quantité et mijote des heures). Si vous y allez tard, vous y croiserez une faune interlope dont on se demande bien où elle peut se dissimuler dans la journée. On sort d’Happy Nouilles tendu comme un tambour en se pourléchant les babines et en songeant au plat que l’on essaiera la prochaine fois. Pas mal pour un bouiboui !

95 rue Beaubourg – 75003 Paris
+33 1 44 59 31 22

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Quand on a érigé l’errance gustative en modus operandi, l’idée de goûter à des variations japonaises sur des plats français est irrésistible. Youlin, c’est ça : une caverne microscopique où l’on peut déguster une cuisine française déclinée selon des principes japonais. À moins que ce ne soit l’inverse…

À deux pas du Panthéon, dans une rue calme, une devanture japonisante où figure un écriteau : « Ici pas de sushi ! » Passé la porte, on se retrouve dans un bar à saké japonais (un izakaya). Décor de bois à angles droits, bar au plancher enfoncé dans le sol, bouteilles de saké alignées, musique trendy japonaise, on se frotte un peu les yeux. Kyoto ou Paris ? Cet endroit est un restaurant/bar japonais depuis les années 1950. En 2007, il a été repris par Youlin, parisien tuniso/sino/cambodgien passé par deux séjours au Japon et par la cuisine d’Eichii Edakuni, patron du restaurant Guilo Guilo.

Chez Youlin, on déguste du saké et du shoshu (le saké en plus fort) en mangeant une sorte d’équivalent nippon des tapas espagnoles, désormais proposées en menus sur l’air du kaiseki, ce banquet miniature japonais. Trois menus à quatre, huit et dix plats (21, 35 et 50 €) qui changent tous les mois. Derrière, un cuisinier japonais venu à Paris apprendre la cuisine française et que Youlin invite à décliner les saveurs hexagonales sous une forme japonaise. Bel et difficile exercice de style plus ou moins réussi, mais toujours intéressant.

Le soir où les Doudes s’y sont posées, le menu à huit plats (Omakasse) proposait successivement : un assortiment de foie gras sur pain d’épices, de poulet sauce miso rouge et de crème de carottes et crabe ; un velouté de chou-fleur froid ; un morceau de daikon sauté chapeauté d’une crevette ; du saumon à la scamorza fumée et au shiitaké ; un trou normand granité pamplemousse-menthe ; des morceaux de caille sautée au poivre de yuzu et purée de lentilles ; une sublime galette de risotto grillé à la sauce de sésame blanc et bœuf au miso rouge ; enfin, un flan de potiron. De minuscules portions, mais un estomac plein en bout de course.

Youlin est, avec Worshop Issé, l’un des rares lieux parisiens à proposer des dégustations de saké haut de gamme. Pour ceux qui n’aiment que le gros rouge qui tache (avec des saveurs françaises, rien de honteux à cela), Youlin propose également une excellente sélection de vins probablement choisis par son épouse œnologue (et japonaise, encore des cultures entrelacées). Seule critique (il faut bien en faire une pour que les compliments restent crédibles), le choix des plats tend à ignorer la saison ce qui n’est, finalement, ni français ni japonais…

Réservation fortement conseillée.
3 rue Valette – 75005 Paris

+33 1 43 26 05 32

youlin.fr

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Avez-vous déjà goûté à la cuisine géorgienne ? Au khinkali ? À l’adjapsandal ? Au khatchapuri ? Au shakarlama ? Pour explorer les saveurs du versant sud du Caucase et pour travailler sa diction, rien de tel qu’une virée chez Pirosmani, l’un des rares restaurants géorgiens à Paris.

Lorsqu’on voyage en Russie et que l’on veut bien manger, il est courant que l’on finisse dans un restaurant géorgien ! Avec son climat méditerranéen, ses fruits, ses légumes, ses vins, la Géorgie est un pays de cocagne pour les gourmands. Sa cuisine est à la fois originale et influencée par les cuisines voisines : Russie, Arménie, Iran, Turquie. Pour la découvrir, Pirosmani est un bon point de départ. Un petit restaurant-couloir sympathique, perdu au milieu des mangeries touristiques du quartier Saint-Michel.

Que mange-t-on chez Pirosmani ? En entrée, quelques plats emblématiques de la cuisine géorgienne : par exemple, la soupe khartcho, au mouton, riz et légumes, assez épicée ; la soupe piti, au mouton et cuite dans un pot en terre ; le khatchapuri, une sorte de pizza supercochonne recouverte de fromage sulguni fondu ; l’adjapsandal, une ratatouille froide riche en aubergines ; le lobio, un plat à base de haricots rouges et de noix hachées.

Les plats principaux sont variés : par exemple, les khinkali, de gros raviolis proches des mantı, farcis de viande ou… de griottes (servis avec de la crème fraîche, un délice !) ; les tolma, des feuilles de chou farcies ; le khartcho (oui, comme la soupe), ragoût de viande en sauce servi avec du riz, et qui n’est pas sans rappeler les khoresh perses ; la solianka (géorgienne, pas russe), du bœuf à la tomate et aux cornichons malossol (doux) ; le tchakapuli, un ragoût d’agneau au vin blanc, aux herbes et à la coriandre ; le tchanakh, un ragoût de viande de mouton présenté dans un petit pot de terre sphérique, accompagné de roulades d’aubergines farcies d’herbes fraîches, de pommes de terre et de tomates entières cuites.

Et les desserts, ვაშა! Les Géorgiens adorent la crème fraîche et le font savoir. Essayez le gâteau de crêpes aux griottes (oui, ils aiment également beaucoup les griottes), ou, divin, le shakarlama, une sorte de panna cotta en plus riche… Pour accompagner le repas, l’un des célèbres vins géorgiens. Essayez un rouge demi-sec comme le Khvanchkara. Dis comme ça, on se demande si ça va bien se marier avec les plats salés et ça marche ! Les vins géorgiens méritent vraiment d’être mieux connus : des blancs (Gourdjaani, Telavi, Tsinandali, etc.), des rouges secs (Saperavi, Mukuzani, Tavkeri, etc.) ou des rouges demi-secs (Kindzmarauli, Ojaleshi, Akhacheni, etc.).

Du nom d’un peintre naïf du début du XXe siècle, un héros national mort de malnutrition dans ce pays gourmand, Pirosmani est un restaurant qui sent bon la cuisine familiale, celle qu’une დედა (deda, maman) géorgienne doit préparer à sa famille. Il propose également des spécialités russes, mais quel intérêt quand on peut déguster cette cuisine qui allie si bien des influences aussi diverses ? Pirosmani ? დიდებულია!

Environ 30 € par personne le soir, avec les boissons.

6 rue Boutebrie – 75005 Paris
+ 33 1 43 26 17 65

NB : Profitez d’être dans un restaurant géorgien pour admirer leur alphabet…

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Malgré la présence de nombreux Serbes et autres anciens citoyens yougoslaves dans la région parisienne, les restaurants serbes n’y sont pas nombreux. Pour découvrir les spécialités serbes, Zavicaj est un excellent choix. Le cadre et les plats valent bien une petite virée dans le 18e arrondissement.

Le restaurant Zavicaj (« Au pays natal ») est un petit morceau de Serbie niché au nord de Paris. Vastes tables en bois, bancs, instruments agricoles et vieux clichés aux murs, vaisselle en grès artisanal, le cadre y est chaleureux et campagnard. On s’y sent bien accueilli par la patronne et sa fille, toujours prêtes à vous conseiller et à vous expliquer le menu.

La carte de Zavicaj est riche en spécialités serbes qui, pour ceux familiers avec la cuisine turque, rappellent que les Balkans ont longtemps été sous la tutelle ottomane. En entrée, goûtez l’excellent feuilleté au fromage et aux épinards (proche des börek turcs), le poivron pané et farci au jambon et fromage, servi avec de la crème fraîche, la soupe d’agneau à la serbe ou la charcuterie fumée.

Chez Zavicaj, les plats principaux sont essentiellement à base de viande (les Serbes sont un peuple éminemment carnivore !) : les pljeskavica (le hamburger balkanique géant) nature ou fourré au fromage et aux lardons, des ćevapi (des cylindres saucissoïdes composés d’un mélange de viandes hachées), du cochon de lait grillé (plus Serbe, ce n’est pas possible…), du sarma (chou farci), du kupus et du podvarak (les choucroutes serbes), du goulash, du pasulj (le cassoulet serbe), etc. Pas léger-léger mais délicieux ! Le tout accompagné d’oignons crus qui se rappellent à vous longtemps, longtemps…

Les amateurs de sucré ne sont pas oubliés chez Zavicaj. Les desserts y sont à la fois d’inspiration slave, autrichienne et ottomane : par exemple, un savoureux feuilleté aux griottes ou aux pommes (un strudel en plus délicat), le tulumba (une sorte de churros au sirop, très oriental), des baklava ou de la krempita, la version serbe du gâteau russe « Napoléon », un cousin du millefeuille avec beaucoup plus de crème et beaucoup moins de feuilles.

Et pour arroser tout ça, du vin serbe (d’excellents cabernet-sauvignon, par exemple), de la bière ou de la rakija, l’alcool blanc de fruits qui dissout toutes les matières grasses ! On sort de chez Zavicaj en se disant que, pour un aussi intéressant mélange d’influences, la cuisine serbe reste un territoire vierge à explorer toutes papilles dehors. Une deuxième virée s’impose !

Environ 30 € par personne, boissons comprises.
Fermé le lundi.

16 rue Simplon – 75018 Paris
+ 33 1 42 52 13 12

zavicaj.fr

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Jugetsudo, « l’endroit d’où l’on regarde la lune »… Ouvert en 2008, le salon de thé japonais Jugetsudo est la première succursale étrangère de la marque du même nom. Un havre de paix nippon en plein cœur de Paris, des produits inhabituels et l’opportunité de découvrir le chazen, un concept où zen et thé se marient.

Jugetsudo est la marque des thés vendus par la maison Maruyama Nori, une entreprise ancestrale japonaise spécialisée dans… les algues. Depuis les années 80, Maruyama Nori s’est lancée dans le commerce du thé, en particulier par le biais de salons à l’esthétique très épurée. Elle y promeut l’esprit du chazen, une idée développée au XVIe siècle par les maîtres Takeno Joh et Sen no Rikyu, où la très formelle cérémonie du thé est rendue plus accessible au commun des mortels.

Situé au cœur du Quartier latin, en face du très surestimé pâtissier Gérard Mulot, le salon de thé Jugetsudo est une petite merveille de design conçue par l’architecte Kengo Kuma : au rez-de-chaussée, une boutique-bar lumineuse et, au sous-sol, une sobre cave voûtée pour les cérémonies de chazen. Le bar permet de goûter aux spécialités de la maison, accompagnées de douceurs. Les samedis après-midi, des initiations au chazen sont proposées à heures fixes (réservation indispensable).

Parmi la quinzaine de produits Jugetsudo en vente sur place, citons le thé vert au yuzu, frais et parfumé, d’excellents sencha et matcha, un exceptionnel genmaicha (thé vert au riz soufflé, ici enrichi de poudre de matcha) et, curiosité pour nos palais, un « thé » de sarrasin grillé (sobacha) parfait pour le soir. Des algues séchées haut de gamme sont également vendues sur place. Jugetsudo propose enfin une très belle sélection de vaisselle de thé, des pièces magnifiques à des prix… euh… magnifiques ?!

L’accueil du personnel est parfait, discret, attentif, plein de douceur. Si vous vous trouvez du côté de Saint-Germain, tentez votre chance et essayez d’avoir une place au comptoir. Pour environ 15 €, vous ferez l’expérience d’un vrai moment de japonitude zénifiante.

Ouvert du mardi au samedi de 11h à 19h, initiation au chazen les samedis après-midi.
Les produits peuvent être commandés sur la boutique en ligne.

95 rue de Seine – 75006 Paris
+33 1 46 33 94 90
jugetsudo.fr

NB : Pour en savoir plus sur Sen no Rikyu, lisez « Le maître de thé » de Yasushi Inoue.

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