Rome est pleine de trattorie et il est difficile d’en élire une plutôt qu’une autre. Finalement, à nourriture similaire, elles ne se différencient que par l’affection qu’on leur porte, souvent pour des raisons éminemment subjectives. Pour les Doudes, LA trattoria romaine c’est La Botticella.
Depuis quelques années, le quartier du Trastevere (« trans Tiberim », l’Outre-Tibre) perd rapidement son esprit prolétaire pour devenir un quartier touristique et branché. Il est donc devenu plus difficile d’y trouver un restaurant populaire qui préserve l’esprit local. Dans une ruelle un peu à l’écart de la foule, parallèle et à l’ouest de la Via della Scala, La Botticella est une poche de résistance face aux mangeries qui envahissent le quartier.
Avec ses toiles cirées en vichy rouge et blanc, sa treille, sa décoration intérieure parfaitement kitsch (des soldats romains, des statues de dieux, des photos d’Anna Magnani et d’Alberto Sordi, de la peinture rose, etc.), la Botticella est la parfaite trattoria romaine, de celles qu’on éviterait partout ailleurs. Pourtant, là, on se sent bien. Grâce à la cuisine, grâce à l’adorable patronne et à son sbire, une sorte de Roy Orbison géant.
La Botticella sert les grandes spécialités de la cuisine romaine : les inévitables artichauts à la juive bien sûr (frits), mais aussi la tarte aux anchois et aux endives, les fleurs de courgette farcies d’anchois et de mozzarella, ou la soupe de brocolis et d’arzilla (la raie bouclée, Raja clavata). Bien sûr, les pâtes sont en bonne place : rigatoni alla pajata (aux intestins de veau non sevrés cuits avec le lait caillé encore à l’intérieur…) ou schiaffoni all’amatriciana (des sortes de cannelloni plats avec une sauce tomates-piments-pecorino romano).
De nombreux plats de viande sont à la carte : la porchetta (le cochon de lait farci et grillé), les saltimbocca alla romana (escalope de veau roulée avec des feuilles de sauge), les tripes à la romaine (avec des carottes, du céleri et des tomates), la coda alla vaccinara (queue de veau « à la bouchère », longuement mijotée avec des légumes), bref de quoi rendre heureux les carnivores de passage. En dessert, si vous avez encore de la place, essayez la torta romana à la ricotta et au chocolat.
À la belle saison, on peut manger dehors, sous les draps qui sèchent en travers de la ruelle. La Botticella, on y va et l’on y revient. Parce que c’est Rome, parce que c’est bon, parce que c’est comme dans les films… Marceeeellllo ! Marceeeellllo !
Environ 30 € par personne avec le vin.
Ouvert de 19h à minuit tous les jours sauf le mercredi, et pour déjeuner le dimanche et les jours fériés.
Vicolo del Leopardo, 39/A – 00153 Trastevere – Roma
+ 39 06 581 4738
www.ristorantelabotticella.com